Historique de Saint Germain Laval

 

 

 

Entre Montagnes du Matin et Montagnes du Soir ou, plus précisément, entre plaine et collines, entre Pays de l'Astrée et Pays d'Urfé, entre Côteaux du Forez et Côteaux du Roannais, entre langue d'oc et langue d'oïl, d'où qu'on vienne Saint-Germain est à la limite, aux marches, un peu en marge de ce Forez lui-même souvent inconnu du reste de la France.

Historiquement aussi, on y fut confronté à des influences diverses : lyonnaise et arverne depuis l'époque gallo-romaine, burgonde et franque peut-être ensuite ; puis celles des seigneurs locaux et des Comtes du Forez qui s'échangèrent cette place stratégique.

Que ses habitants aient été ou non directement concernés par leurs enjeux, conflits et combats ne lui furent pas épargnés :

- la ville fut occupée en 1440, lors de la "Praguerie", quand s'affrontaient les partisans ou soudards de Charles VII et ceux de son fils, le futur Louix XI;

- pendant les guerres de Religion, elle fut prise par les protestants en 1562, assiégée, prise et reprise par les ligueurs et les royalistes tout au long de l'année 1593 ;

- durant la Révolution, alors que la proximité de l'insurrection lyonnaise exacerbait les passions, sans-culottes déchristianisateurs, "muscadins" et chrétiens réfractaires s'y affrontèrent avec véhémence ;

- tout au long du 19ème siècle, les courants royaliste, bonapartiste et républicain s'y opposèrent, cette fois sans violence ;

- lors de la seconde guerre mondiale se créa dans la région un réseau de résistance efficace.

   

De cette position apparemment instable, les germanois surent faire un observatoire, un poste de guet pour leurs rêves, voire un lieu mythique. Rien d'étonnant à ce que les plus illustres enfants de Saint-Germain aient été, partant de "cet oppidum divin", de cet "Ithaque" ainsi que l'appela Papire Masson (1544-1611), des explorateurs du temps, historiens comme lui, ou de l'espace comme Greysolon du Luth (1636 ?-1710) et sa famille s'aventurant vers l'autre bord du Nouveau Monde.

Des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, ici, face à la plaine, engrangeaient de quoi nourrir leurs rêves d'Orient. Symétriquement, dans la vallée de l'Aix, la Vierge noire garde le secret d'origines que la légende a voulu, elles aussi, orientales, les extraordinaires bois de pinateaux situés à l'Ouest du canton ont des allures de peintures japonaises...Et, qu'offre à voir le musée local, outre ses belles tapisseries de Felletin ? Des objets chinois...

Mais, Saint-Germain n'est pas qu'en marge ou en marche vers ses rêves. C'est aussi un bourg exemplaire, donc instructif, où l'on trouve trace de la croissance, des structures et des influences communes à plusieurs petites villes du Forez.

C'est-à-dire :

- une situation à proximité de grands axes routiers, de l'époque romaine (voie de Lyon à l'Océan entre autres) au Moyen-Age, quand ces axes conduisaient aux foires de Champagne, et jusqu'à aujourd'hui avec l'autoroute;

- une christianisation ancienne due au rayonnement de Lyon (précocité du culte marial ; tombes mérovingiennes) ;

- une urbanisation à partir de 2 centres : le Château et la paroisse (comme à Montbrison, par exemple, où l'on trouve aussi des églises de la Madeleine et de Saint-André) ; schéma qui est encore très lisible à Saint-Germain ;

- des fortifications avec 2 enceintes successives : celle du Château et celle du bourg excluant la paroisse, et un boulevard dit Vingtain ;

- l'octroi au 13ème siècle, par les seigneurs aux habitants, d'une charte de franchise, et la représentation de ces habitants à l'Assemblée des "Treize Villes du Forez" jusqu'au 17ème siècle ;

- l'importance du courant humaniste de la Renaissance, époque où Saint-Germain compta le plus "d'intellectuels" ;

- la présence d'une petite noblesse de robe et d'une bourgeoisie aisée qui élevèrent, aux 17ème et 18ème siècles, quelques beaux logis, et celle, à la fin du 18e, d'un architecte de talent, Jean-Michel Gabbio ;

- la culture immémoriale de la vigne jusqu'au phylloxéra (1882) ;

- des artisanats anciens (tanneries de Baffie, ciergeries) relayés par l'extension des industries de Lyon, Roanne et Saint-Etienne. A Saint-Germain, se succédèrent à partir de 1793 : une filature de coton, une filature de soie, une usine d'armement (Gevelot) et enfin de 4X4 avec Auverland ;

- une préférence marquée, en architecture, pour le carré... Dans la région, les loges de jardins, les pigeonniers, les maisons bourgeoises dès qu'elles en ont la place, sont carrés ; à Saint-Germain, le choeur des églises fut le plus souvent plat et carré ! Ainsi étaient ceux de Saint-Germain-le-Vieux, des Recollets et le choeur primitif de Saint-André ; on peut voir encore ceux de la Madeleine et de Notre-Dame de Laval.

 

A une époque où le touriste, en plus des monuments prestigieux, est curieux de tout ce qui l'environne, les habitants n'ont pas d'autre ambition que celle de vous faire faire une promenade agréable et pittoresque. Ils vous invitent à remonter le temps, à vous enrichir de la connaissance d'un personnage ou d'un détail d'architecture, de l'explication d'un fait ou d'un nom.

Malgré les interférences de modernisations plus ou moins heureuses, vous goûterez la juxtaposion des demeures classiques et des rues moyenâgeuses, et l'alliance de la ville avec les paysages qu'elle domine.

Bonne promenade.   

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